2017 – AR[t]ME

2017 – AR[t]ME

Si les mercenaires et les armes de Max Boufathal envahissent de leur présence brutale la Vitrine des Essais, ce n’est pas pour vous plaire.
Ces colosses écorchés sont les protecteurs d’un art engagé, subversif et libre. Arrêtez-vous face à eux, considérez avec attention le bureau de l’artiste devenu stratège militaire.

Pourquoi l’art contemporain pourrait-il en toute impunité n’être concerné que par lui-même ?
Le monde de l’art semble aujourd’hui s’être endormi dans un conformisme, une auto-stimulation et une apparente sécurité qui le rongent.
L’œuvre de Max Boufathal se dresse contre ces dérives et appelle à l’éveil des consciences. Elle sonne comme un avertissement qui se doit d’investir la rue, celle-ci et toutes les autres.
Cette vitrine n’est donc pas une invitation à la distraction mais à la réaction.
Ces armes sont les nôtres.

Max Boufathal développe alors une rhétorique violente et engagée contre les dérives de l’art contemporain. Il réalise des sculptures de divinités, de monstres, imagine les armes d’une guerre à venir. Tel est le Projet Mort, une « guerre artistique contre l’art ».

Face aux idoles dépersonnalisées de la consom­mation de masse, il fabrique de massives ar­balètes qui portent les noms de leurs cibles; Paris Hilton 187. Lady Gaga 207.
Sort de son atelier une véritable armée constituée de chiens agressifs, de taureaux prêts à charger et de sur-hommes effrayants qui s’unissent pour lutter contre l’hermétisme de l’art contemporain. Ces pièces diverses d’une mythologie réinventée résistent ainsi à la corruption des cultures dominantes ac­tuelles et sont l’émanation d’un désir de survie.

Par refus de participer à ce «suicide collectif», Max Boufathal affronte l’art par l’art.
Le sculpteur se fait alors concepteur, technicien et artisan d’un univers marginal. Ainsi, des plans aux armes, des meutes aux masques, l’artiste met patiemment en place les outils d’une conquête totale du monde de l’art.

Il en a planifié chaque étape dont il documente le processus de construction : schémas d’en­treprises, dessins d’ingénieurs et planches anatomiques. C’est ce que contient ce bureau modulable, à l’image du Projet Mort, en constante évolution.
Ces imposantes sculptures hybrides aux allures d’écorchés sont ici mobilisées pour le protéger. Créées à partir de matériaux simples, disponibles, elles exploitent des ressources du quotidien (sacs poubelle, couvertures de survie, linoléum…). Elles sont ouvragées par un travail patient de nouage et de découpage, par lequel Max Bou­fathal réaffirme l’importance de la technique dans l’acte de création, l’insubsituablc sa­voir-faire de l’artisan.
Leur esthétique mêle donc à la fois confec­tion ancestrale et éléments empruntés à la modernité.
Son œuvre s’inscrit donc autant dans un passé â respecter que dans un présent, à vivre pour lequel se battre est une nécessité.

Lise Ripoche et Antoine Champenois

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