Amour et violence : le cas de la poésie élégiaque et des Métamorphoses d’Apulée
Géraldine Puccini
Professeur des universités à l’Université Bordeaux Montaigne
Mardi 21 janvier – 17h00
Salle Morin
La violence passionnelle est un thème récurrent chez les poètes élégiaques latins Tibulle, Properce et Ovide, qu’ils déclinent sous une forme codifiée propre au genre élégiaque en train de se constituer à l’époque augustéenne. La violence se manifeste dans l’interaction entre les deux amants sous forme verbale (disputes, menaces) mais elle est aussi physique (coups, griffures, morsures). Souvent érotisée, elle constitue le cœur même de la relation amoureuse. Les rôles traditionnels de genre sont inversés : le poète est esclave d’une maîtresse toute-puissante, violente et cruelle. L’exploration de la violence passionnelle est un moyen de refuser l’idéal traditionnel du héros épique, maître de lui-même, et d’instaurer, de manière toute transgressive et inédite, le thème de l’amour comme modèle culturel à Rome. Deux siècles plus tard, Apulée, dans son roman les Métamorphoses, explore lui aussi les arcanes de l’amour et le pouvoir destructeur des passions incontrôlées. Il pousse la réflexion plus loin que les élégiaques en représentant des cas de transgressions majeures, comme le recours à la magie noire, l’inceste, la zoophilie, le crime passionnel, perversions qui conduisent à la destruction des liens familiaux et de l’ordre social.
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, Géraldine Puccini est Maîtresse de Conférences titulaire d’une HDR en langue et littérature latines à l’Université Bordeaux Montaigne où elle est responsable du Centre de recherches LaPRIL (« Laboratoire Pluridisciplinaire de Recherches sur l’Imaginaire appliquées à la Littérature) depuis 2016 au sein de l’UR Plurielles.
Elle est spécialiste de la fiction romanesque latine, notamment des Métamorphoses d’Apulée. Elle a traduit les deux romans latins de Pétrone et d’Apulée aux éditions Arléa et publié plusieurs ouvrages sur Apulée. Ses travaux portent également sur les représentations du corps, de l’amour et de la sexualité, des femmes dans la littérature latine. Elle a publié un ouvrage sur ces questions : La vie sexuelle à Rome aux éditions Tallandier, 2007 (Point Histoire, Seuil, 2010). Elle a dirigé la publication de plusieurs ouvrages collectifs dans la collection Eidôlon du LaPRIL sur le charme, les cinq sens, l’intime et les désirs au féminin de l’Antiquité à nos jours.